Utiliser l’apport des neurosciences, susciter l’innovation de son équipe et savoir en tirer partie, expérimenter des solutions avec des bouts de ficelles, être bienveillant et visionnaire. Les nouveaux courants de pensées que doivent connaître les managers. Par Laurence Estival (l’Entreprise – L’Express)
Connaissant mieux le fonctionnement de son cerveau, soucieux de développer le travail collaboratif, inventif pour venir à bout des problèmes et bienveillant, le management ne doit toutefois pas perdre de vue le sens de sa mission : fixer des objectifs à atteindre sans brûler les étapes.
1. Le neuro-management
La question de l’apport des neurosciences au management commence à se frayer un chemin dans l’Hexagone. Développée aux Etats-Unis sous l’impulsion entre autres d’Antonio Damasio, professeur de neurobiologie à l’université de Caroline du Sud ou de Baba Shiv, professeur de marketing à Stanford Graduate School of Business, elle permet notamment d’étudier la place des intuitions dans le management.
« Nous conduisons de plus en plus de travaux associant neurologues, biologistes et chercheurs en sciences sociales« , souligne Christophe Haag, enseignant-chercheur à l’EM Lyon, qui travaille notamment sur les émotions. Grâce à l’imagerie médicale, il est désormais possible d’identifier la façon dont le cerveau est irrigué quand il reçoit un stimulus. De quoi « rationaliser » les phénomènes inconscients. Dans des situations identiques, les managers faisant confiance à leurs intuitions s’en sortent mieux que ceux qui ont tendance à couper les cheveux en quatre avant de prendre une décision, démontrent les travaux du chercheur.
2. Le management collaboratif
Remis au goût du jour, ce mode d’organisation du travail fait toujours des émules. Qui versent parfois dans l’extrémisme, ainsi du gourou du management Gary Hamel préconisant de « virer tous les managers ». Sans aller jusque-là, le retour à des modèles d’organisations « plates » avec moins de strates hiérarchiques pour laisser des équipes « libérées » de la culture du reporting prendre des initiatives est d’actualité. Popularisée en France par Isaac Getz, professeur à l’ESCP Europe, dans son ouvrage « Quand la liberté des entreprises fait le bonheur des salariés », l’idée part du principe que chacun peut être source d’innovation, qui peut aussi venir de clients ou de fournisseurs.
Au manager de savoir créer et gérer des réseaux pour regarder ce qui se passe ailleurs grâce à la technique du « walking around », consistant à laisser tomber ses préjugés pour repérer des idées nouvelles, y compris dans des organisations n’ayant rien à voir avec l’entreprise. « Plus que de théories, les cadres nous demandent d’organiser des « learning expeditions » pour voir concrètement comment les entreprises ayant mis en place des modèles alternatifs s’organisent », met en avant Marion Breuleux, responsable de la gamme mangement chez EFE Formation.
3. Le management « frugal »
Faire mieux avec moins… « Le concept d’innovation Jugaad développé par Navi Radjou, consultant en innovation d’origine indienne qui consiste à trouver de nouvelles opportunités de croissance dans un monde aux ressources limitées en utilisant les bouts de ficelle, s’applique aussi parfaitement au management« , remarque Loïck Roche, directeur de Grenoble école de management.
Les managers « bricoleurs », sont invités à prendre des risques, à être plus flexibles et agiles. Objectif: expérimenter des solutions efficaces face aux multiples contraintes renforcées en ces temps de crise : problèmes d’organisation, de temps, de moyens humains, de motivation des collaborateurs…
4. Le management « bienveillant »
Et si les collaborateurs étaient le bien le plus précieux des managers ? Se soucier du bien-être des membres de son équipe, faire preuve de gratitude, savoir tout simplement dire merci… Autant de vocables pour mettre en évidence l’intérêt du management « bienveillant ». Il ne s’agit pas de réinventer le paternalisme mais de rendre conscience de l’impact de ces comportements sur la performance de l’entreprise.
Une étude publiée en 2012 par l’Association américaine de psychologie a démontré que l’absence de reconnaissance était d’ailleurs pour plus de la moitié des 1 700 salariés interviewés la première motivation pour changer de job.
5. Le management visionnaire
Dans leur ouvrage « Great by Choice » portant sur des études de cas conduites entre 2002 et 2012, Morten Hansen, professeur à l’Insead et à la business school de l’université de Berkeley et son collègue Jim Collins ont montré que les entreprises capables de tirer leur épingle du jeu face aux incertitudes n’étaient finalement ni plus grandes, ni plus agiles, ni plus rapides que les autres.
Mais elles avaient la caractéristique commune d’avoir su maintenir le cap contre vent et marée, préférant les avancées « step by step » aux changements perpétuels, faisant perdre de vue la notion de sens.
Laurence Estival
Source : http://lentreprise.lexpress.fr/rh-management/management-les-cinq-tendances-de-2014_1521327.html